Cela fait dix ans que les Etats-Unis et l’Europe ont poussé les pays du monde
entier à adopter un accord historique visant à mettre un terme au réchauffement
incontrôlé de la planète.
Conclu par près de 200 pays, ce traité constituait un potentiel “tournant pour
le monde”, avait alors déclaré le président américain de l’époque, Barack Obama.
Presque tous les pays de la planète ont signé l’Accord de Paris de 2015, un
pacte dont le succès devait reposer sur la pression des pairs, une ambition
croissante et, sur le plan économique, une révolution de l’énergie propre.
Mais dix ans plus tard, les actions entreprises pour répondre à ces espoirs ne
sont pas à la hauteur.
Les Etats-Unis ont quitté l’accord ; deux fois. Le président Donald Trump a mis
un coup d’arrêt aux projets d’énergie verte dans son pays et trouve des alliés
pour l’aider à saper les initiatives climatiques à l’étranger, tout en signant
des accords commerciaux qui engagent les pays à acheter davantage de
combustibles fossiles américains.
L’Europe reste sur la bonne voie pour respecter ses engagements en matière de
climat, mais sa détermination vacille, car entre des électeurs inquiets pour
leur pouvoir d’achat et la montée des partis d’extrême droite, des doutes ont
émergé quant à la rapidité avec laquelle l’UE pourra tenir sa promesse de se
détourner des énergies fossiles.
L’Accord de Paris a contribué à ancrer la sensibilisation au changement
climatique dans la culture populaire et la politique, a conduit des pays et des
entreprises à s’engager à réduire leurs émissions carbone à zéro et a contribué
à orienter un flot d’investissements vers les énergies propres. D’après les
scientifiques, le traité semble avoir réduit les risques d’atteindre les niveaux
de réchauffement les plus catastrophiques.
En revanche, la production de pétrole et celle de gaz n’ont pas encore atteint
son pic, tandis que les émissions de CO2 et les températures continuent
d’augmenter. Ces dernières ne sont d’ailleurs plus qu’à quelques dixièmes de
degrés du point de bascule convenu à Paris. Mais les coûts de l’énergie verte
ont tellement baissé que, dans la plupart des régions du monde, elle est devenue
la forme d’énergie la moins chère et elle est déployée à un rythme encore
impensable il y a dix ans.
Les dirigeants et les diplomates, qui se réunissent au Brésil à partir de cette
semaine pour les négociations annuelles des Nations unies sur le climat, seront
confrontés à un test : défendre l’Accord de Paris face à l’opposition de Trump
tout en soulignant que ses objectifs sont à la fois nécessaires et bénéfiques.
Le sommet organisé dans la ville portuaire amazonienne de Belém devait être
celui où les pays riches et pauvres allaient célébrer leurs progrès et s’engager
à réduire toujours plus les émissions de gaz à effet de serre.
Au lieu de cela, le mépris des Etats-Unis pour les efforts climatiques mondiaux
et un message confus de l’Europe rajoutent des difficultés alors que la période
actuelle est bien plus incertaine que celle lors de l’adoption de l’Accord de
Paris.
Certains experts climatiques sont encore optimistes… jusqu’à un certain point.
“Je pense que l’architecture de base résiste à la destruction de Trump”, a
estimé John Podesta, président du Center for American Progress, un organisme de
centre gauche qui a coordonné la politique climatique sous les présidents Obama
et Biden.
Mais cette résistance pourrait s’affaiblir si les Etats-Unis restent en dehors
de l’accord, ce qui priverait le mouvement climat du leadership et du soutien
américains, a-t-il poursuivi. “Si tout cela disparaît, et pour longtemps, je ne
sais pas si la structure tiendra le coup”, a prévenu John Podesta.
D’autres diplomates du climat affirment que l’esprit de coopération de 2015
serait difficile à recréer aujourd’hui, raison pour laquelle il est essentiel
d’appliquer l’Accord de Paris.
“Si nous devions renégocier [l’Accord de] Paris aujourd’hui, nous n’obtiendrions
jamais l’accord que nous avions eu il y a dix ans”, a tranché Rachel Kyte,
représentante spéciale du Royaume-Uni pour les questions climatiques.
“Mais nous pouvons aussi regarder ces données extraordinaires, qui montrent que
la tendance est très claire”, a-t-elle plaidé, faisant référence à la croissance
des énergies propres. “Et la plupart de ceux qui cherchent à protéger leurs
investissements sont intéressés par cette tendance.”
LE PARADOXE DE PARIS
S’il y a bien une chose qui ne s’est pas affaiblie, c’est l’intérêt économique
pour les énergies propres. Les facteurs économiques derrière les investissements
que l’Accord de Paris a contribué à déclencher ont même dépassé ce que ses
auteurs avaient prévu.
Mais la volonté politique pour faire en sorte que les pays continuent à aller de
l’avant n’est pas toujours au rendez-vous, voire elle est parfois au point mort,
alors que les Etats-Unis — la plus grande économie du monde, la seule
superpuissance militaire et, historiquement, le plus grand émetteur de CO2 —
s’attaquent à ses fondements mêmes.
Les tentatives de Trump de saper l’accord — que résume le slogan de la
Maison-Blanche de 2017 : “Pittsburgh, pas Paris” — ont également eu un impact
sur les ambitions européennes, a jugé Laurence Tubiana, l’architecte du traité,
fin octobre devant la presse.
“Je n’ai jamais vu une telle agressivité contre la politique climatique
nationale partout dans le monde à cause des Etats-Unis”, a confié Laurence
Tubiana. “Nous sommes donc réellement confrontés à une bataille idéologique, une
bataille culturelle, où le climat fait partie de cet ensemble que le
gouvernement américain veut vaincre.”
La Maison-Blanche a fait savoir que Donald Trump se concentre sur l’exploitation
du pétrole américain et sur le dialogue avec les dirigeants étrangers sur les
questions énergétiques, plutôt que sur ce qu’elle appelle la “nouvelle arnaque
verte”. Les Etats-Unis n’enverront pas de représentants de haut niveau à la
COP30.
“La nouvelle arnaque verte aurait tué l’Amérique si le président Trump n’avait
pas été élu pour mettre en œuvre son programme énergétique de bon sens”, a
déclaré Taylor Rogers, un porte-parole. “Le président Trump ne mettra pas en
péril la sécurité économique et nationale de notre pays pour poursuivre de
vagues objectifs climatiques qui tuent d’autres pays.”
Donald Trump n’est pas le seul défi auquel l’Accord de Paris fait face.
Même sous Obama, les Etats-Unis ont insisté pour que les objectifs du traité en
matière d’émissions de CO2 ne soient pas contraignants, afin d’éviter un vote de
ratification par le Sénat qui aurait très probablement été contre.
Toutefois, contrairement aux précédents accords sur le climat auxquels les
Etats-Unis avaient refusé de se joindre, tous les pays — y compris et surtout la
Chine — doivent présenter un plan de réduction de leurs émissions. Le traité
laisse aux gouvernements le soin de tenir leurs propres engagements et de
pousser les retardataires à faire mieux. Un contexte politique exceptionnel a
contribué à faire avancer les négociations.
Barack Obama, qui misait une partie de son héritage politique sur la conclusion
d’un accord mondial sur le climat, avait passé l’année précédant l’Accord Paris
à négocier un traité distinct avec la Chine, dans lequel les deux pays, qui sont
les plus gros pollueurs de la planète, s’engageaient à réduire leurs émissions.
La France, en tant qu’hôte des négociations, était également déterminée à
parvenir à un accord mondial.
L’année suivante, plus de 160 pays ont présenté leurs plans initiaux de lutte
contre le réchauffement climatique au niveau national et ont commencé à
travailler à l’élaboration des règles qui allaient servir de fondement au
traité.
“L’Accord de Paris n’est pas une machine à produire de l’ambition. Il ne fait
que nous rappeler le niveau d’ambition dont nous avons convenu […] et suggère ce
qui est nécessaire pour revenir sur la trajectoire”, a décrit Kaveh Guilanpour,
vice-président chargé des stratégies internationales au Center for Climate and
Energy Solutions et négociateur pour le Royaume-Uni lors des négociations à
Paris. “Que les pays le fassent ou non, c’est essentiellement leur affaire.”
Catherine McKenna, ancienne ministre canadienne de l’Environnement qui a
notamment négocié le mécanisme de crédits carbone de l’Accord de Paris, a
qualifié le traité d’“incroyable exploit”, mais qu’il n’allait pas se mettre en
œuvre tout seul.
“Le problème, c’est que désormais c’est vraiment au bon vouloir des pays,
villes, régions, entreprises et institutions financières d’agir”, a-t-elle
pointé. “Ce n’est plus une histoire de traité ; maintenant, c’est : ‘faites le
travail.’”
QUAND LE VERT DEVIENT GRIS
Les signes de discorde ne sont pas difficiles à trouver dans le monde entier.
La Chine resserre son emprise sur la fabrication et l’exportation d’énergies
propres, garantissant l’accès à un plus grand nombre de pays à des énergies
renouvelables peu coûteuses, mais créant des tensions dans les régions qui
souhaitent également bénéficier des emplois et des revenus générés par la
fabrication de ces équipements et qui craignent de trop dépendre d’un seul pays.
Au Canada, le Premier ministre Mark Carney, ancien envoyé des Nations unies pour
le climat, a supprimé la taxe carbone pesant sur la consommation et prévoit
d’exploiter davantage de gaz naturel afin de renforcer les défenses économiques
face aux Etats-Unis.
L’Union européenne a passé les cinq dernières années à élaborer un vaste
ensemble de réglementations écologiques et de mesures sectorielles, et elle
estime être à peu près en bonne voie pour atteindre ces objectifs. Cependant,
bon nombre des 27 gouvernements — sous la pression d’une extrême droite en
progression, de prix élevés de l’énergie, des difficultés de certaines
industries et de la guerre de la Russie contre l’Ukraine — demandent aujourd’hui
à l’UE de réévaluer un certain nombre de ces politiques.
Toutefois, les points de vue au sein de l’Union divergent fortement, certains
préconisant de petites modifications, quand d’autres veulent revenir sur des
pans entiers de la législation.
“L’Europe doit rester un continent de cohérence”, a défendu Emmanuel Macron
après une réunion des dirigeants de l’UE en octobre. “Elle doit aller plus vite
sur la compétitivité, mais elle ne doit pas renoncer à ses objectifs
[climatiques].”
Le Premier ministre polonais Donald Tusk, en revanche, a déclaré après la même
réunion qu’il se sentait conforté par l’opposition historique de son pays à
l’agenda vert européen : “Dans la plupart des capitales européennes, on aborde
différemment aujourd’hui ces ambitions climatiques européennes exagérées.”
Au-delà de l’UE, la plupart des pays dans le monde n’ont pas encore soumis leurs
derniers plans de réduction des émissions de carbone aux Nations unies. Si les
plans annoncés par les gouvernements s’inscrivent pour la plupart dans le
prolongement des précédents, ils ne prévoient encore que des réductions modestes
par rapport à ce qui est nécessaire pour limiter à 1,5 degré le réchauffement de
la Terre depuis l’ère préindustrielle.
Selon les scientifiques, dépasser ce seuil entraînerait davantage de décès,
ainsi que des dommages physiques et économiques dont il serait de plus en plus
difficile de se remettre à chaque dixième de degré de réchauffement
supplémentaire.
Le dernier rapport de l’ONU, qui expose l’écart entre les nouvelles promesses
des pays et les objectifs de l’Accord de Paris, a montré que le monde est sur la
voie d’un réchauffement de 2,3 à 2,5 degrés, une différence marginale par
rapport aux plans soumis en 2020, et même presque nulle si l’on exclut
l’engagement des Etats-Unis. Les politiques mises en place à l’heure actuelle
laissent présager un réchauffement de 2,8 degrés.
“Nous devons réaliser une baisse sans précédent des émissions de gaz à effet de
serre dans un délai toujours plus court et dans un contexte géopolitique
difficile”, a résumé Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des
Nations unies pour l’environnement.
Mais le faire a aussi du sens, a-t-elle ajouté. “C’est là que le marché montre
que ce type d’investissements intelligents, propres et verts crée en réalité des
emplois et des opportunités. C’est là que se trouve l’avenir.”
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré dans un message
vidéo mardi que le dépassement de l’objectif de 1,5 degré fixé à Paris était
désormais inévitable dans les années à venir. Il a imploré les dirigeants de
déployer rapidement les énergies renouvelables et d’arrêter l’expansion du
pétrole, du gaz et du charbon pour s’assurer que ce dépassement soit de courte
durée.
“On est dans un sacré pétrin”, a lancé Bill Hare, un climatologue chevronné qui
a fondé l’institut Climate Analytics.
Les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas diminué et on n’a pas pris plus
de mesures alors que les catastrophes climatiques se sont multipliées.
“Je pense que ce qui se profile est un test majeur pour l’Accord de Paris,
probablement le test le plus important. Cet accord peut-il aller de l’avant sous
le poids de tous ces défis ?” formule Bill Hare. “S’il n’y parvient pas, les
gouvernements s’interrogeront franchement sur ses avantages.”
Cela ne veut pas dire que tout est perdu.
En 2015, le monde se dirigeait vers un réchauffement d’environ 4 degrés, ce qui,
selon les chercheurs, aurait été dévastateur pour une grande partie de la
planète. Aujourd’hui, cette projection est inférieure d’environ un degré.
“Je pense que beaucoup d’entre nous à Paris étaient très dubitatifs à l’époque
quant à la possibilité de limiter le réchauffement à 1,5” degrés, confie Elliot
Diringer, un ancien responsable du climat qui dirigeait le programme
international du Center for Climate and Energy Solutions lors des négociations
de l’Accord de Paris.
“La question est de savoir si notre situation est meilleure grâce à l’Accord de
Paris”, a-t-il exposé. “Je pense que la réponse est oui. Avons-nous assez avancé
? Absolument pas.”
LES TECHNOLOGIES VERTES DÉFIENT LES ATTENTES
En outre, l’adoption de technologies énergétiques propres a progressé encore
plus rapidement que prévu, déclenchant ce qu’un expert du climat a appelé un
changement dans la politique climatique mondiale.
“Nous ne sommes plus dans un monde où seule la politique climatique joue un rôle
prépondérant et substantiel, mais de plus en plus l’économie climatique”, a
analysé Christiana Figueres, qui était la secrétaire exécutive de la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2015.
“Oui, la politique est importante, mais elle ne l’est plus autant qu’il y a dix
ans.”
Le déploiement annuel de l’énergie solaire dans le monde est 15 fois supérieur à
ce que prévoyait l’Agence internationale de l’énergie en 2015, selon une analyse
récente de l’Energy and Climate Intelligence Unit, une association britannique.
Les énergies renouvelables représentent désormais plus de 90% des nouvelles
capacités électriques ajoutées chaque année dans le monde, selon BloombergNEF.
La Chine déploie un nombre record d’énergies renouvelables et en réduit les
coûts pour des pays, tels que le Brésil et le Pakistan, qui ont vu leurs
installations solaires monter en flèche.
Même aux Etats-Unis, où Donald Trump a abrogé de nombreuses baisses d’impôts et
autres mesures incitatives de Joe Biden, BloombergNEF prévoit que les
énergéticiens continueront à déployer des installations vertes, en grande partie
parce qu’il s’agit souvent du moyen le plus rapide de produire de l’électricité.
Les coûts des éoliennes et des batteries diminuent également. Les ventes de
véhicules électriques montent en flèche dans de nombreux pays, en grande partie
grâce à l’énorme quantité de véhicules bon marché produits par la société
chinoise BYD, le plus grand fabricant au monde.
Au niveau mondial, les investissements dans les énergies propres sont
aujourd’hui deux fois plus importants que ceux consacrés aux énergies fossiles,
selon l’Agence internationale de l’énergie.
“Aujourd’hui, on peut parler de déploiement de technologies énergétiques propres
en raison de leur compétitivité-coût et de leur capacité à réduire les coûts des
systèmes énergétiques”, a expliqué Robbie Orvis, directeur senior de la
modélisation et de l’analyse à l’institut de recherche Energy Innovation. “Pour
beaucoup d’entre elles, ce n’est même pas nécessaire de parler de climat, ce qui
n’était pas le cas il y a dix ans.”
Les tendances économiques de la dernière décennie sont frappantes, a souligné
Todd Stern, l’envoyé américain pour le climat qui a négocié l’Accord de Paris.
Ce traité “a été perçu dans le monde entier, par d’autres pays, dans les
conseils d’administration, comme la première fois en plus de vingt ans que les
chefs de gouvernement disaient enfin : ‘Oui, faisons-le’”, a-t-il mis en avant.
“Et ce n’est pas la seule raison pour laquelle il y a eu un énorme développement
technologique, mais cela n’a certainement pas fait de mal.”
Néanmoins, il existe des limites à la capacité des entreprises à mener seules la
transition vers l’énergie propre.
“Il faut une certaine forme d’intervention gouvernementale, qu’il s’agisse d’un
bâton ou d’une carotte, pour pousser l’économie vers une trajectoire bas
carbone”, a estimé Andrew Wilson, secrétaire général adjoint de la Chambre de
commerce internationale. “Si les gouvernements appuient sur le frein de l’action
climatique ou commencent sérieusement à mettre la pédale douce, cela a un effet
limitatif.”
Le Brésil, pays hôte de la COP30, souhaite démontrer que le multilatéralisme
fonctionne toujours, qu’il est utile pour la vie des gens et qu’il est capable
de répondre aux impacts climatiques auxquels les communautés du monde entier
sont confrontées.
Mais l’objectif des négociations de cette année pourrait être encore plus
simple, selon Kaveh Guilanpour, l’ancien négociateur pour le Royaume-Uni.
“Si nous sortons de la COP30 en démontrant que l’Accord de Paris est vivant et
fonctionne, a-t-il souligné, je pense que dans le contexte actuel, ce serait
déjà une information en soi.”
Nicolas Camut à Paris, Zi-Ann Lum à Ottawa, Karl Mathiesen à Londres et Zia
Weise à Bruxelles ont contribué à cet article, qui a d’abord été publié par
POLITICO en anglais, puis a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.
Tag - Accord de Paris
BRUXELLES — Le pape venait de mourir. Et Teresa Ribera était en deuil — pas
seulement de l’homme.
Le pape François a incarné une époque où le rêve de Teresa Ribera d’un monde
plus vert, façonné par des institutions internationales puissantes et des avis
scientifiques, semblait enfin se concrétiser.
Dix ans se sont écoulés depuis les moments les plus forts pour Teresa Ribera :
2015, l’année qui a vu l’élaboration de l’Accord de Paris sur le changement
climatique et la proclamation du pape qui a plaidé moralement en faveur de
l’action environnementale.
A la mort de François, en avril, l’Espagnole s’efforçait d’empêcher que tout
cela soit démantelé.
Depuis son arrivée à Bruxelles en décembre en tant que vice-présidente exécutive
de la Commission européenne chargée à la fois de la politique verte et de la
concurrence, elle a mené une bataille — en grande partie secrète — contre des
opposants qui craignent que les efforts de l’UE pour lutter contre le changement
climatique soient inabordables ou qu’ils offrent une victoire facile aux
populistes.
Son influence s’est manifestée cette semaine lorsque la Commission européenne a
affronté à la fois le président français, le mécontentement de la plus grande
force politique de l’UE et la certitude d’un blacklash de l’extrême droite en
présentant un nouvel objectif climatique pour l’Europe.
Teresa Ribera a présenté l’objectif proposé, à savoir une étape de réduction des
émissions pour 2040, comme une réponse à l’opposition croissante à une action
ambitieuse en faveur du climat.
“Pour tous ceux qui contestent la science, cachent les problèmes, demandent un
report, pensent que le monde va rester tel qu’il est et que le marché va tout
résoudre […] la réponse de l’Europe est très claire”, a-t-elle tancé lors d’une
conférence de presse mercredi.
Mais la pression politique a incité la Commission à assouplir l’objectif en
faisant des concessions aux gouvernements, notamment une proposition
controversée visant à sous-traiter une partie des efforts de l’Union européenne
aux pays les plus pauvres.
C’était, comme les sept premiers mois du mandat de Teresa Ribera, un compromis
né de l’évolution de la réalité politique, à laquelle elle s’est efforcée de
résister tout en s’y adaptant.
Le récit de cette période est basé sur des entretiens avec 11 responsables au
sein de la Commission et de gouvernements nationaux, des collaborateurs de
Teresa Ribera et des observateurs attentifs de l’UE. Nombre d’entre eux
hésitaient à parler aux journalistes de l’Espagnole, qui attache une grande
importance à la vie privée et à la loyauté, c’est pourquoi l’anonymat leur a été
accordé. POLITICO a également interviewé Teresa Ribera trois fois au cours de
cette période.
Ses alliés et ses détracteurs l’ont décrite comme isolée, manquant d’alliés
politiques en raison des défaites subies par ses collègues sociaux-démocrates,
et faisant face à des attaques venant de l’extérieur et de l’intérieur de la
Commission. Malgré cela, elle a remporté une série de victoires discrètes.
Le pape François a incarné une époque où le rêve de Teresa Ribera d’un monde
plus vert, façonné par des institutions internationales puissantes et des avis
scientifiques, semblait enfin se concrétiser. | Fabio Frustaci/EPA
Les partis populistes et illibéraux ayant intégré la lutte contre le changement
climatique dans leur liste de critiques, les enjeux, tels que les perçoit Teresa
Ribera, dépassent les objectifs écologiques de l’UE. Presque religieux.
Certainement moraux.
“Aujourd’hui, comme jamais auparavant, le programme vert […] est remis en
question”, a-t-elle écrit dans une lettre chargée d’émotion adressée à El País,
deux jours après la mort du pape François. Cette “contre-réforme”, a-t-elle
ajouté, doit être affrontée de peur que le monde “ne retourne à des temps
sombres”.
VOUS ÊTES EMBAUCHÉE
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, savait
exactement à quoi elle s’attendait lorsqu’elle a demandé à Teresa Ribera de
protéger les ambitions vertes menacées de l’UE.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a fait passer le message dans une
lettre adressée à Ursula von der Leyen en août 2024, nommant la deux fois
ministre, ancienne négociatrice des Nations unies sur le climat et experte
politique à la Commission.
Pedro Sánchez a vanté son “expérience politique” et ses “connaissances
approfondies” en matière de changement climatique, d’énergie et de protection de
l’environnement, qui, selon lui, ont valu à Teresa Ribera “un grand prestige à
l’échelle internationale et nationale”. La lettre a été communiquée à POLITICO
en vertu des lois sur la liberté d’information.
Teresa Ribera pourrait “générer des consensus et des accords dans le cadre de
négociations internationales complexes”, s’enthousiasmait le Premier ministre
espagnol.
C’était utile pour Ursula von der Leyen. Le Pacte vert européen — un ensemble
d’objectifs et de réglementations couvrant presque tous les secteurs de
l’économie européenne — est un élément clé de l’héritage législatif de la
présidente. Présenté en 2019, il vise non seulement à mettre fin à la
contribution de l’Europe au changement climatique d’ici le milieu du siècle,
mais aussi à rééquilibrer l’impact de l’industrie et de l’agriculture sur la
nature.
Tant von der Leyen que Ribera savaient que des problèmes se profilaient à
l’horizon.
Les élections européennes de 2024 ont augmenté le nombre de parlementaires
d’extrême droite — les agents mêmes de la contre-réforme que Teresa Ribera
pensait affronter —, garantissant que les attaques contre le programme vert
allaient s’intensifier. De plus, le Parti populaire européen (PPE), formation de
centre droit d’Ursula von der Leyen, la plus grande force du Parlement européen,
a commencé à s’opposer à des parties importantes du Pacte vert, invoquant les
coûts pour l’industrie et la nécessité de contrer les discours des extrêmes.
Selon deux personnes ayant une connaissance directe des discussions et deux
personnes informées des discussions, Ursula von der Leyen a dit à Teresa Ribera
qu’elle la choisissait comme première vice-présidente exécutive — c’est-à-dire
comme numéro 2 de la Commission — précisément en raison de ses compétences
écologiques.
Teresa Ribera a compris que son travail se résumait à une mission primordiale :
défendre le Pacte vert.
OBJECTIF 90%
Le soutien d’Ursula von der Leyen à Teresa Ribera s’est manifesté lors des
dernières négociations agitées sur le nouvel objectif climatique de l’UE pour
2040.
Jusqu’à mardi, la forme finale de la proposition de loi — et même sa publication
— restait incertaine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, savait
exactement à quoi elle s’attendait lorsqu’elle a demandé à Teresa Ribera de
protéger les ambitions vertes menacées de l’UE. | Jose Manuel Vidal/EPA
Sa présentation a déjà été retardée pendant des mois, car le commissaire
européen chargé du Climat, Wopke Hoekstra, dont le travail est supervisé par
Teresa Ribera, a bataillé pour trouver le juste niveau de concessions
politiquement viables.
Après des mois de discussions avec les gouvernements et les parlementaires,
Wopke Hoekstra a suggéré que l’UE s’en tienne à la réduction de 90% des
émissions promise par Ursula von der Leyen l’année dernière, mais qu’elle
sous-traite une partie de ses efforts climatiques aux pays les plus pauvres en
achetant des crédits carbone. Ce compromis a déplu à Teresa Ribera, mais elle a
fini par l’accepter.
Malgré cette concession, une vague d’opposition s’est levée lundi lorsque la
proposition a été présentée aux autres commissaires et à leurs équipes. Teresa
Ribera et Wopke Hoesktra ont même dû faire face à des appels pour retarder
l’annonce, après que le président français Emmanuel Macron a suggéré une pause
lors d’un dîner avec les dirigeants de l’UE la semaine précédente.
Ce dîner a été “un moment important”, retrace un responsable européen au fait
des discussions internes. “Il a montré à tout le monde que les grands pays
n’étaient pas […] du côté de la Commission.”
Au cours du repas, Ursula von der Leyen s’est opposée à Emmanuel Macron,
défendant l’objectif et insistant sur le fait qu’il devait être proposé cette
semaine, affirment trois personnes au fait des discussions.
Elle a présenté les mêmes arguments cette semaine aux commissaires hésitants,
qui sont finalement rentrés dans le rang mardi. Wopke Hoekstra et Teresa Ribera
ont obtenu leur compromis.
DANS LES TRANCHÉES
Teresa Ribera a mené de nombreuses batailles de ce type au cours des sept
derniers mois.
Elle a essayé d’agir comme une gardienne du droit, en appréhendant les documents
de la Commission et en s’assurant qu’ils s’alignent sur les précédents
engagements verts de l’UE.
L’Espagnole n’a pas toujours eu le soutien total de l’Allemande, qui a été prête
à sacrifier un nombre croissant de réglementations écologiques pour répondre aux
préoccupations du PPE tout en essayant de préserver les objectifs climatiques
fondamentaux.
Malgré cela, Teresa Ribera a remporté des victoires importantes.
En janvier, une première version de la grande doctrine économique du second
mandat d’Ursula von der Leyen — ladite “boussole pour la compétitivité” — ne
contenait que quelques références vertes nébuleuses tout en mettant l’accent sur
la déréglementation. Teresa Ribera est intervenue pour s’assurer que la version
finale fasse spécifiquement référence aux initiatives menacées en matière de
politique verte.
Pedro Sánchez, le leader socialiste le plus puissant, est un allié politique de
Teresa Ribera. | Oliver Matthys/EPA
Un mois plus tard, la Commission a lancé un projet de loi “omnibus” visant à
réduire les charges administratives pesant sur les entreprises. Ce projet de loi
a édulcoré les règles relatives à la finance verte et les règles de reporting
des entreprises. Mais il serait allé encore plus loin, laissant des règles clés
entièrement non contraignantes et donc sans effet, si Teresa Ribera n’était pas
intervenue en coulisses, a rapporté POLITICO en février.
La vice-présidente exécutive de la Commission s’est également battue en
coulisses pour tenter de sauver une loi anti-greenwashing qui était en train
d’être enterrée.
En même temps, elle s’est rebellée contre la position publique de l’UE sur des
questions telles que Gaza, les droits des personnes LGBTQ+ et l’immigration.
En mai, après que des rumeurs eurent circulé selon lesquelles Ursula von der
Leyen demandait aux commissaires de ne pas assister à la Pride de Budapest,
interdite, Teresa Ribera s’est ostensiblement présentée à une conférence de
presse sur les progrès en matière de climat, muni d’un carnet de notes aux
couleurs de l’arc-en-ciel.
Sur le réseau social Bluesky, elle a exprimé sa solidarité avec la communauté
LGBTQ+ hongroise des mois avant qu’Ursula von der Leyen ne le fasse. Elle publie
fréquemment des messages soulignant la misère à Gaza, critiquant parfois
carrément Israël, ainsi que la répression de Trump à l’encontre de la recherche
scientifique et des universités. Elle a relayé une tribune de l’ancien chef des
affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, condamnant l’inaction de l’Union sur
Gaza, et a exprimé son soutien aux sauveteurs de migrants en Méditerranée.
Lorsque les Etats-Unis ont bombardé l’Iran en juin, elle a semblé déplorer la
mise à l’écart de l’ordre multilatéral, en écrivant : “Des décennies pour
construire un ordre international fondé sur la charte des Nations unies, les
droits de l’homme et l’Etat de droit.”
LA DAME DE FER
La position de Teresa Ribera implique la solitude.
Elle est sans ambiguïté dans sa doctrine politique socialiste, ce qui est
remarquable dans un paysage politique en mutation.
Lors d’une interview dans ses bureaux, juste après son installation au
Berlaymont, POLITICO a remarqué une photographie des années 1970 accrochée
derrière le canapé moderniste dans laquelle la nouvelle commissaire s’est
assise. Sur cette photo, Margaret Thatcher, alors chef de l’opposition
britannique et bête noire de la gauche britannique, participait à une réunion
sur le même canapé. Teresa Ribera a plaisanté en disant qu’elle pourrait
l’échanger contre une photo de l’actuel Premier ministre travailliste Keir
Starmer. Peu de temps après, la photo avait disparu.
Le centre gauche est en recul en Europe. Le leader socialiste le plus puissant,
Pedro Sánchez, est un allié politique de Teresa Ribera. Mais le Premier ministre
espagnol a été affaibli par une série de mauvais résultats électoraux, une
coalition fracturée et, plus récemment, un important scandale de corruption.
Encouragés, les opposants espagnols de droite et d’extrême droite de Teresa
Ribera ont monté une campagne féroce contre elle dans la presse.
Les défaites électorales ont également réduit le nombre d’élus avec lesquels
Teresa Ribera a défendu le Pacte vert lorsqu’elle était ministre. Ses alliés en
Allemagne, en Autriche, en Belgique et aux Pays-Bas ont disparu.
Au niveau international, l’ordre mondial qu’elle a contribué à façonner est
également soumis à de profondes pressions, tant de la part de la Maison-Blanche
que des populistes à travers l’UE. Elle s’est efforcée d’avancer à pas feutrés,
en s’abstenant de manifester ouvertement son mépris pour le président américain
Donald Trump et ceux qui le soutiennent. Mais elle n’a pas non plus utilisé le
réseau social X d’Elon Musk depuis décembre.
Wopke Hoekstra, un membre du PPE qui a récupéré le dossier du climat à la fin de
2023, a été chargé de rédiger l’objectif de 2040. | Oliver Matthys/EPA
“Elle semblait plus fatiguée et frustrée que la dernière fois que je l’ai vue”,
confie un ancien représentant d’un pays de l’UE qui a récemment rencontré Teresa
Ribera.
L’Espagnole s’appuie sur deux de ses expériences pour prendre du recul dans
l’adversité. Celle, longue, des négociations des Nations unies sur le climat,
qui ont connu de nombreux revers depuis leur lancement dans les années 1990. Et
l’amour profond de sa famille pour l’équipe de football de l’Atlético de Madrid
— l’éternelle outsider de la capitale espagnole, souvent dépassée par son riche
voisin, le Real Madrid.
EN QUÊTE D’AMIS
Là où Teresa Ribera, en tant que politique, semble le plus tenter de retenir la
vague du backlash, c’est à la Commission.
Elle a peu d’alliés au sein du collège des commissaires européens. Il n’y a que
quatre socialistes parmi les 27 membres dans l’équipe d’Ursula von der Leyen —
cinq si l’on compte Maroš Šefčovič, dont le parti slovaque a été suspendu du
groupe.
Le PPE domine le collège. Et les propositions de la Commission ont nettement
évolué pour intégrer les priorités de la droite.
Si l’on exagère souvent l’ampleur du recul de l’UE sur les questions écologiques
— il existe toujours un large consensus sur la nécessité de lutter contre le
changement climatique —, l’air du temps à Bruxelles, alimenté par un intense
lobbying des entreprises, est à l’assouplissement de la réglementation
écologique.
Défense, désindustrialisation, dérégulation… Donald. Tels sont les “D” qui
feront battre le cœur des capitales européennes en 2025. La décarbonation a
perdu de sa superbe.
La Commission affirme que ses récentes réformes n’ont pas compromis la mission
principale du Pacte vert, en particulier en ce qui concerne le climat. Elle
qualifie les changements de “simplification”, en rationalisant les exigences
trop lourdes.
Il s’agit au moins en partie d’un euphémisme, tance François Gemenne, le
politiste belge qui enseigne à HEC Paris.
“Quoi qu’ils puissent dire et proclamer, il y a un certain recul au niveau de
l’UE en ce qui concerne le Pacte vert”, affirme-t-il.
Teresa Ribera a tenté de résister à ce déclin.
“Elle essaie constamment de réduire l’intensité du changement de doctrine au
sein de la Commission”, relate un responsable au sein de l’exécutif européen à
propos de l’Espagnole. Ce n’est pas un rôle populaire “si soudainement votre
priorité en tant que Commission est de faciliter la vie des entreprises [et]
qu’elle croit davantage en une réglementation stricte”.
Les équipes de Ribera et de Hoekstra insistent toutes deux sur le fait qu’elles
entretiennent des relations amicales et constructives. | Oliver Hoslet/EPA
Teresa Ribera “a travaillé en étroite collaboration avec la présidente”, a
assuré Anna-Kaisa Itkonen, porte-parole de la Commission, dans un communiqué
envoyé par e-mail. “Aucun membre du Collège ne travaille de manière isolée, que
ce soit sur le plan politique ou autre.”
En tant que vice-présidente exécutive, Teresa Ribera s’est vu confier de vastes
responsabilités par Ursula von der Leyen, mais un pouvoir diffus. Elle supervise
le travail des autres commissaires quand cela a un lien avec le Pacte vert.
Il y a deux écoles de pensée sur l’intention d’Ursula von der Leyen. D’une part,
la structure dilue le pouvoir de Teresa Ribera, évitant ainsi le genre de fief
politique créé par son prédécesseur à la vice-présidence exécutive, le
socialiste néerlandais Frans Timmermans. D’autre part, cela signifie que les
décisions prises dans le cadre du Pacte vert sont validées par tous les partis,
ce qui pourrait atténuer les attaques du PPE.
Le partage des responsabilités a inévitablement engendré des tensions.
Wopke Hoekstra, membre du PPE qui a pris en charge le dossier du climat à la fin
de 2023, a été chargé de rédiger l’objectif de 2040.
Les équipes de Ribera et de Hoekstra insistent toutes deux sur le fait qu’elles
entretiennent des relations amicales et constructives. L’Espagnole et le
Néerlandais étaient “globalement alignés” sur l’objectif, d’après le responsable
européen précité.
Mais à deux reprises au moins, Teresa Ribera a publiquement devancé le travail
de Wopke Hoekstra, annonçant à POLITICO que l’objectif final serait de 90% et
ajoutant qu’il devrait tenir compte de l’avis d’un conseil scientifique qui
venait d’exclure l’utilisation de crédits carbone internationaux pour atteindre
l’objectif.
Par ailleurs, les collaborateurs de la direction générale de l’action pour le
climat à la Commission, qui travaillent pour Hoekstra, n’ont pas toujours
partagé les documents clés de l’équipe de Teresa Ribera. Alors que le premier
est subordonné à la seconde dans l’organigramme de von der Leyen.
“La façon dont je vois les choses, Wopke Hoekstra domine sur ces questions”,
explique un représentant du PPE. “Ribera est un peu marginalisée au sein de la
Commission. Wopke a les commissaires du PPE qui ont tendance à être de son côté,
et Ribera, en tant que social-démocrate, est assez seule.”
Là où Teresa Ribera, en tant que politique, semble le plus tenter de retenir la
vague du backlash, c’est à la Commission. | Oliver Hoslet/EPA
Pourtant, le duo était là mercredi, présentant ensemble son compromis 2040 —
Hoekstra avec une cravate de travers, Ribera avec une contenance inhabituelle.
Oui, a-t-elle reconnu, l’époque de la montée des préoccupations publiques,
politiques (et papales) qui a donné naissance au Pacte vert et à l’Accord de
Paris n’est “pas le monde d’aujourd’hui”. Mais l’UE ne bat pas en retraite, a
insisté Teresa Ribera : “Nous sommes là.”
Le ton est le même que celui qu’elle a adopté lors de son éloge funèbre du pape
François en avril dernier : nostalgie du passé récent, défense de l’avenir
lointain, mais empêtrée dans les problèmes politiques du présent.
Karl Mathiesen a enquêté à Bruxelles et à Londres. Zia Weise à Bruxelles.
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en
français par Jean-Christophe Catalon.